Histoire et Patrimoine

SAINT-ETIENNE-DE-CUINES fut d’abord un village dont la plupart des habitants vivaient dans des hameaux (plus de quinze), installés pour la majorité d’entre eux sur le piémont des derniers escarpements septentrionaux de la chaîne de Belledone.

Son territoire s’étend sur les rives gauches du Glandon, torrent descendant de la vallée des Villards, et de l’Arc, rivière de Maurienne.

Essentiellement agricole et pastorale, la commune connut un essor économique exceptionnel, à partir de 1884, grâce à la transformation d’un moulin en fabrique de pâtes alimentaires : « Les pâtes La Lune » de renommée internationale.

L’usine BOZON-VERDURAZ emploiera jusqu’à sept cents ouvrières et ouvriers.
L’industrialisation généralisée de la vallée au début du 20ème siècle (PECHINEY à St Jean de Maurienne, CARBURE DE CALCIUM à St Avre, SIDA à la Chambre), et le développement des transports, source de création d’emplois (SNCF), vont précipiter l’exode des habitants des hameaux vers la plaine.

Les maisons se construisent, de plus en plus nombreuses, obligeant la commune à multiplier les travaux coûteux afin de contraindre le Glandon et l’Arc à cesser leurs divagations et à se cantonner dans des lits tracés par les hommes.

Après la disparition définitive de l’usine BOZON-VERDURAZ, en 1952, les habitants de Saint-Etienne de Cuines travaillent à PECHINEY, à la SIDA devenue ATOFINA puis ARKEMA, dans les entreprises artisanales locales, les commerces, le tertiaire (EDF, SNCF, Education nationale, etc…)

Les espaces agricoles de la plaine sont, au fil des années, occupés par des constructions résidentielles favorisant l’arrivée de nouveaux « Cuinains » et stabilisant la population à 1 300 habitants, comme au temps de son apogée industrielle.

 


 

Pour en savoir plus sur l’histoire de notre commune,
Visitez le Musée ouvert de Saint Etienne de Cuines,

panneau-plan-chef-lieu

Cliquez ici pour visiter le musée ouvert

En survolant la carte, vous pourrez accéder aux panneaux du Musée Ouvert et découvrir l’histoire de notre village.

 


 Le Châtelet

photo chatelet

Il fait partie du quotidien des « Cuinains ». Il veille, énigmatique et majestueux, sur la destinée du village. Quand notre regard se porte vers le Cuchet, il nous interpelle au passage et chacun de nous regrette, impuissant, de le voir subir l’outrage des ans.

C’est pour tenter de masquer cette attaque inexorable du temps mais aussi pour répondre à la question : « CHATELET qui es-tu ? » que Mireille Morin Collomb a retracé son histoire.

La tour de défense des seigneurs de Cuynes est, à partir de 1482, date du premier acte notarié retrouvé, propriété de familles nobles : (De Montmayeur puis Mareschal de Luciane, De Thovex, Delalée).
Elle se transforme alors en une riche demeure de propriétaires terriens dont les biens s’étendent de Saint Sulpice à La Cense, en passant par la Borgeat et sous la Roche.

Après la Révolution, le domaine est racheté par des bourgeois fortunés : Rostaing, Blanvillain… Puis c’est le déclin, entrecoupé d’espoir de renouveau ! Vingt et une pages, illustrées de photos, vous font parcourir cinq siècles d’histoire du CHATELET. Cette brochure est à votre disposition, pour un prix modique, à la bibliothèque. Le bénéfice de la vente sera versé à l’Association « Terre des Hommes ».

 


 

La maison Gruyère

photo maison Gruyère

Sa tour ombragée par le plus vieux magnolia de la commune ainsi que son nom « maison de Gruyère » font rêver.

D’abord tour de défense, cette maison forte était au XVème siècle propriété de la famille De Pont, riche famille féodale de la vallée.
Elle revint par héritage en 1477 à un fils bâtard du Comte de Gruyère, Pierre.
Le fils de ce dernier, Guillaume de Gruyère revendit la maison de la Borgiat à la famille De Pont en 1533. Elle n’appartint donc à la famille de Gruyère qu’une cinquantaine d’années, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours « la maison forte de Gruyère ».
En 1629, Colomban Rostaing, notaire à Saint-Colomban-des-Villards s’en porte acquéreur.
Elle est toujours propriété de notaires.

 


 

Les Pâtes La Lune – Établissements BOZON-VERDURAZ

plaque publicitaire Pates La Lune

L’aventure commence lorsque Jean-Pierre Bozon-Verduraz crée avec son fils Emmanuel, en 1884 « une société ayant pour objet le commerce de la boulangerie, épicerie, mercerie, quincaillerie et meunerie ». La même année, ils acquièrent la maîtrise de la force électrique du Bial, dérive du Glandon.

Un moulin est créé qui fournit rapidement la matière première à une fabrique de pâtes. C’est le point de départ d’une révolution économique qui va bouleverser non seulement la vie de Saint Etienne de Cuines, mais aussi celle de toute la vallée de la Maurienne.

plaque publicitaire pates La LuneL’entreprise familiale connaît une formidable ascension. La production de l’usine qui se fait connaître sous le nom de « Les petites Savoyardes, Établissement Bozon Verduraz », « E.B.V. La Ruche » et puis surtout « E.B.V. Pâtes La Lune », passe de 4 tonnes/jours en 1889 à 125 tonnes/jour dans les années 1925.

 

Dès 1889, les produits Bozon Verduraz obtiennent une médaille d’argent à l’exposition universelle de Paris, première récompense d’une longue série.

En 1910, les E.B.V. possèdent l’usine de Saint Etienne de Cuines, un moulin à Saint Avre et une unité de production à Saint Michel de Maurienne. Si l’usine de Saint Etienne s’est considérablement agrandie, en ce début de 20ème siècle, elle a entraîné avec elle l’explosion de la commune, sous la houlette d’ailleurs d’Emmanuel Bozon Verduraz, patron et maire de la commune qui fait construire :

  • Un pensionnat dirigé par des religieuses qui accueillera une partie de la main d’œuvre féminine de l’usine venue de toute la Maurienne, mais aussi de régions éloignées comme la Lorraine.
  • Des cités ouvrières pour loger les familles,
  • Des villas pour le personnel d’encadrement.

On aurait tort d’oublier que l’argent gagné par les ouvriers et ouvrières, a permis aux habitants de la commune d’améliorer sensiblement leurs conditions de vie qui avaient, faute de moyens financiers, peu évolué depuis le 18ème siècle.

publicité pates Bozon-VerdurazL’expansion de l’usine a aussi stoppé l’exode rural. En 1925, sept cents ouvriers travaillaient à l’usine Bozon, treize cafés avaient ouvert leurs portes dans la commune, on y jouait aux boules, aux cartes, on y dansait au son de l’accordéon, la longue journée de travail finie. La commune possédait une importante société de boules, une fanfare d’une cinquantaine de membres et la compagnie de sapeurs pompiers la mieux équipée du canton.

Après le décès brutal d’Emmanuel Bozon Verduraz en 1925, son fils Benjamin transforme l’entreprise en société anonyme et les usines satellites de Maison-Alfort, de Montescourt et de Bordeaux rejoignent la maison mère de Saint Etienne de Cuines.

A partir de 1936, l’entreprise subit le contre coup des conflits sociaux et six cents des sept cents ouvriers sont licenciés. Puis l’usine de Saint Etienne subsiste vaille que vaille, après avoir été rachetée par diverses sociétés aussi célèbres (Biscuits Brun, Lustucru), qu’impuissantes à redresser la situation.

C’est pourtant bien L’USINE BOZON qui pour les Cuinains, fermera définitivement ses portes le 31 décembre 1952.

 


 

Les monuments de la commune

 

L’église Saint Etienne

photo N&B église Saint Etienne de Cuines

Guillaume de Montmayeur (Propriétaire du Châtelet et de la Tour Forte de Gruyère) qui mourut avant 1529, avait son tombeau dans l’ancienne église où il avait fondé une chapelle dédiée à Notre-Dame de la Pitié.

Pendant l’occupation de la Maurienne par Lesdiguières (1588-1601) les reliques de l’église furent détruites. Mais elle conserve toujours une cloche de bronze datant de 1560 qui a été classée A.O.A. en 1942.

Délabrée et exigüe, l’église fut presqu’entièrement reconstruite en 1845, mais un glissement de terrain en 1858 l’endommagea gravement : les murs sont fendus en plusieurs endroits.

Le retable du maître-autel, exécuté par les frères Gilardi, en 1863-1864, représente Saint Etienne.
La chapelle Saint-Antoine comporte un tableau montrant Saint Antoine abbé et Saint Antoine de Padoue. Celle de droite est dédiée au Rosaire.
En 1952, le toit qui était alors en demi-bulbe fut refait avec une couverture en ardoises d’Angers, par Albert Roche.
La façade est restaurée en 1959 par René Verollet.

 

Le Presbytère

photo N&B presbytère Saint Etienne de Cuines

C’est l’un des plus anciens bâtiments de la commune (17ème siècle). Il fut remis en état grâce au don du comte Pillet-Will (banquier originaire de Savoie).

 

La chapelle de la Visitation au Mollaret

photo N&B chapelle du Mollaret Saint Etienne de Cuines

A droite de la route, à côté de l’ancienne maison d’école, elle date du XIXe siècle et fut très vénérée.

On fêtait la Visitation par une grande vogue dans les prés avoisinants, puis on célébra plus qu’une messe le 2 juillet. Elle renferme des statues et tableaux anciens.

photo chapelle du Mollaret Saint Etienne de Cuines

 

La chapelle Saint Denis et Saint Laurent au Villaron

Dédiée à Saint Denis, elle n’existe plus, les intempéries ont eu raison d’elle, on devine seulement son emplacement.

 

Le monument aux morts

photo N&B ancien monument aux morts Saint Etienne de Cuines

En août 1914, ils ont abandonné leurs champs, quitté leur famille et leur village, revêtus l’habit garance, et, la fleur au fusil, ils sont partis défendre leur patrie, anéantir l’ennemi héréditaire, au cri de « Tous à Berlin », convaincus d’être de retour au pays avant l’hiver.

Le 1er combattant de Saint Etienne de Cuines mort sur le champ de bataille est tombé au col de Bagenettes dans les Vosges le 13 août 1914 à 5h du soir… Premier d’une longue série qui comptera pour la seule commune de Saint Etienne de Cuines 46 Morts pour la France.

Le devoir de mémoire s’adresse aussi à ceux qui sont revenus de ces quatre années d’enfer à tout jamais blessés dans leur chair et dans leur âme.historic-monumentauxmorts

 

L’école du Mollaret

photo N&B école du Mollaret Saint Etienne de Cuines

En 1867, les élèves des hameaux quittent leur salle de classe, pièce de 4 mètres par 4, louée par la commune dans la maison de Barthélémy Germain, au hameau du Tremble, « petite chambre mal éclairée, même pas planchéiée où l’instituteur est encore obligé de mettre son lit ».

Là, ils s’entassaient à plus de quarante… et ils s’installent dans leur nouvelle maison d’École, au Mollaret.

C’est une belle construction, à mi-chemin entre les différents hameaux dont elle reçoit les enfants : Les Côtes Dessus, les Côtes Dessous, le Tremble, le Mollaret, le Genevex, le Villaron, le Loup et plus tard la Cense. Son projet date de 1861… mais il y eut des contre-temps et même des pétitions qui retardèrent la mise en chantier !

Elle accueillera jusqu’à 50 élèves de 5 à 13 ans, si bien qu’en 1908, le maire de Saint Etienne de Cuines demandera la création d’une seconde classe… temporaire ! pendant les cinq mois d’hiver.

Il faut dire que dès les beaux jours il y a mieux à faire que de fréquenter l’école ! Les plus grands aident aux durs travaux les champs tandis que les plus jeunes gardent chèvres et vaches ou les frères et sœurs plus petits…

Au fil des années, instituteurs et institutrices se succèdent comme les enfants succèdent à leurs parents face au tableau noir.

Mais à la rentrée 1959, seulement cinq élèves s’asseyent sur les bancs de la petite école, car une à une les familles ont déserté la montagne qui ne les nourrit plus.

Alors l’École ferme ses portes…puis le temps destructeur ayant fait son œuvre, en 2000 elle disparaît, laissant chacun un peu orphelin…

C’est pourquoi, le 5 juillet 2003, les anciens élèves sous la houlette de Mireille Morin, ont inauguré une plaque en souvenir de leur école.

historic-plaque-mollaret

 


 

Les avalanches

Elles font partie de l’histoire de Cuines ou plutôt des drames vécus par la commune.

Nous ne parlerons que des plus récentes qui furent aussi les plus graves. En 1978, l’avalanche dévale les pentes du débonnaire Mont Cuchet, emporte six mille mètres cubes de forêt, mais s’arrête aux portes des villages.

Au vu des plaies béantes laissées aux flancs de la montagne, la municipalité lance un cri d’alarme en direction des pouvoirs publics.
En vain !

Le 20 janvier 1981, à 11 heures 15, un grondement sourd, chacun sait que l’avalanche est redescendue. Son chemin est tout tracé, elle s’engouffre dans les voies qui semblent l’attendre et bien sûr, ne rencontrant aucun obstacle, elle atteint les villages : celui des Côtes-dessus où elle emporte des maisons mais laisse la vie sauve aux habitants.

Ce ne sera pas le cas au hameau du Tremble : le village est entièrement détruit et deux personnes, Mme Hélène Viard et son beau-frère M. Victor Viard, trouveront la mort.

Depuis… des paravalanches ont été mis en place !

La Commune n’oublie pas l’avalanche de 1981 a détruit le village du Tremble et occasionné la mort de deux personnes.

 

Souvenir :

« Le Tremble,

photo rassemblement en mémoire des victimes de l'avalanche Saint Etienne de Cuines

La neige était tombée en abondance tout au long de ce mois de janvier 1981.

Tous les Cuinains qui scrutaient quotidiennement le Mont-Cuchet estimaient à quatre mètres la hauteur de neige qui s’était accumulée sur ses pentes puisque seuls les faîtes des toits des chalets du Prêt étaient encore visibles.

Le 20 janvier, à onze heures un avion à réaction passe le mur du son en survolant la montagne. Aussitôt après un long grondement sourd jette toute la population dehors car personne ne s’y trompe, on le reconnaît ce bruit, le même qu’en 1978 : l’avalanche est descendue.

Depuis le centre du chef-lieu on ne voit qu’un épais nuage blanc qui enveloppe tout, même le Châtelet n’est plus visible.

La sirène hurle, la panique est générale mais le plan ORSEC est déjà déclenché.

Les pompiers, très vite rassemblés partent, accompagnés par Le maire M.Traversaz, son Conseil Municipal et tous les hommes disponibles.

Le nuage se dissipe, on commence à mesurer l’ampleur du désastre. Quatre coulées énormes se sont engouffrées dans les brèches laissées béantes par l’avalanche de 1978.

photo avalanche 1981 Saint Etienne de CuinesLa première recouvre Les Côtes-dessous (Simon Viard y réside), le Tremble qui compte quatre habitants : Mme Hélène Viard, son beau-frère Victor Viard, Mme Louise Viard et sa sœur Victorine. Cette avalanche épargne par miracle les Côtes-dessus.
La seconde viendra jusqu’à la Cense, égratignant au passage le Mollaret. La Troisième passe près du relais de télévision. Quant à la Quatrième, celle de Barboillon, elle endommagera, comme en 78 la route forestière de Servion.

La route des Côtes est suffisamment dégagée pour permettre aux véhicules de secours de monter, mais impossible d’accéder aux hameaux sinistrés coupés du reste du monde par des monticules de neige tassée, de rochers, d’arbres enchevêtrés. Il faut des pelles, des pioches et des pics aux sauveteurs pour progresser.

photo avalanche 1981 Saint Etienne de Cuines

Ceux qui se dirigent vers les Côtes-dessous, voient la maison de Simon effondrée, mais il attend, il est indemne. Il a 85 ans et sera évacué sur les épaules de son petit-neveu Jean-Louis Collomb.
Il ne reviendra plus habiter sa maison.

photo avalanche 1981 Saint Etienne de Cuines

L’équipe qui se fraie un chemin vers le Tremble découvre un sinistre spectacle : les maisons d’Hélène et de Victor ont disparu, celle de Louise est à demie effondrée, mais les sauveteurs comprennent qu’elle et sa sœur sont en vie, réfugiées dans un coin de la cuisine, là le plafond résiste encore. L’hélicoptère vient les délivrer à 16 heures trente.
C’est à ce moment là qu’elles apprennent la mort d’Hélène et de Victor.

photo avalanche 1981 Saint Etienne de Cuines

La vie du hameau s’est arrêtée définitivement ce 21 janvier 1981. Si vous êtes passé par là , comme moi, vous avez vu quelques outils dans une grange restée debout, senti une odeur dans une écurie, signes qui attestent, si besoin est, que dans ce village on a beaucoup travaillé, beaucoup peiné, et qu’en un instant on a tout perdu, même la vie.

N’oublions pas.

Avant de découvrir la plaque, je me dois, si vous le permettez, de rendre un hommage appuyé à Monsieur Déléan. Lui, l’homme de la montagne de Cuines, avait été très marqué par ces évènements. Il en gardait un souvenir très précis et le 12 juin il était venu, dans le cadre de notre exposition, nous faire une conférence sur ce sujet. Je vous remercie de votre présence et de votre attention. « 

plaque avalanche 1981 Saint Etienne de Cuines

Pour l’Association H.M.D.
Madame MORIN-COLLOMB Mireille,
Présidente.

 


 

Le cadre de vie quotidien des Cuinains

 

Histoires d’eau

Route du Vernet, juchée sur le lavoir-abreuvoir, elle a fière allure et semble rivaliser d’élégance avec le clocher.

Route du Vernet, juchée sur le lavoir-abreuvoir, elle a fière allure.

Elles montent la garde, à distance réglementaire, dans leur sombre habit de fonte. Petits soldat disciplinés, elles étaient toujours placées à droite (en descendant) de la route de la Combe, de l’Avenue de la Gare et même de la route de Saint-Rémy et de la Borgeat.

Aujourd’hui, seulement trois d’entre elles ont survécu au grand chambardement de la modernité… et pourtant, il y en a eu 23 au chef-lieu et les anciens pourraient vous dire à quel point elles ont été attendues et le rôle vital qu’elles ont joué dans la commune. Nous allons vous conter leur histoire, car vous l’avez deviné, il s’agit des fontaines !

Jusqu’en 1906 le chef-lieu n’avait pas d’eau potable, la seule consommée était celle du Bial, canal dérivé du Glandon… et comme l’eau en bouteilles n’existait pas, vous pouvez imaginer les maladies propagées, particulièrement la typhoïde.

historic-fontaine-dupuy

Si la route de la Combe, a bénéficié de canalisations dès 1897, c’est parce qu’Emmanuel Bozon-Verduraz a participé pour moitié à leur installation, pour ses besoins personnels et ceux de l’usine de pâtes alimentaires, les riverains ont donc profité de cette manne providentielle.

Mais au-dessous de l’usine, rien ! jusqu’en 1906.

A cette date, Les fontaines furent donc installées, en de ça de l’usine, tous les deux cents mètres, la 1ère à l’embranchement de la route de Montarlot, la seconde devant « le café Borrel », la troisième en face de « chez Mathieu », la quatrième en face de « chez Barrel » et la dernière, en face de « chez Percevaux » ! et pourquoi pas plus bas me direz-vous ?, tout simplement parce que deux cents mètres plus bas aucune maison n’était construite.

A qui servait ces fontaines ? à tout le monde puisque les maisons ne possédaient pas l’eau courante et on venait, avec son seau chercher l’eau nécessaire à la boisson, à la cuisson des aliments, enfin à tous les besoins domestiques et même à la toilette. Quant au WC, vous savez bien qu’il n’existait pas, c’était soit l’écurie soit le « cacut » au fond du jardin !

Autre usage moins connu de ces fontaines, elles possédaient sous leur grille d’évacuation, une vanne sur laquelle on pouvait brancher le tuyau incendie.

Pour avoir de l’eau il fallait soulever le « pompon » en cuivre jaune et elle coulait à flot, giclait, et inondait les pieds des gosses qui se désaltéraient en sortant de l’école.

Aucun Cuinain n’a oublié Félicien Collomb habitué de la fontaine « devant chez Mathieu ». Il enlevait son grand béret, laissant voir la grosse bosse sur son crâne dégarni, passait la tête sous le jet et buvait à grandes lampées, même par temps glacial. Cette séance lui servait aussi de douche, enfin ! mouillait ses vêtements ! il repartait en s’essuyant sur le revers de sa manche, non sans avoir remis son large béret… et il riait : l’eau de Cuines avait un effet euphorisant !

Souvenez-vous aussi : nos petits soldats se transformaient l’hiver en statues de glace, magnifiques, car il coulait toujours un petit filet d’eau, qui par grand froid, gelait au fur et à mesure, jusqu’à entourer la fontaine et déborder sur la route.

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Les lavoirs

Le chef-lieu du village et chaque hameau possédaient son ou ses lavoirs. Quelques-uns ont disparu, d’autres, restaurés, témoignent du passé.

historic-lavoirpredefoireCertains d’entre eux n’accueillaient que les bêtes qui, revenant du pâturage s’arrêtaient pour s’abreuver avant de rentrer à l’écurie, d’autres étaient réservés aux ménagères.

Quand le linge, mêlé aux cendres avait longuement bouilli dans la lessiveuse, les femmes l’emportait sur leur brouette jusqu’au lavoir, là les draps et les torchons fumants étaient sortis et rincés à l’eau froide qui coulait sans arrêt.

Si le dos des lavandières était cassé, leurs doigts rougis et gonflés, leurs langues allaient bon train, malgré l’effort ! Toutes les nouvelles du pays, sans exception, passaient de l’une à l’autre, les vraies comme les fausses : « il paraît que, on m’a dit.., tu ne le répèteras pas ! »

Heureusement ! l’eau a emporté toutes ces paroles !

La Borgeat : Elles pouvaient laver leur linge bien à l’abri et… on avait pensé à faire deux pans inégaux, l’un pour les grandes femmes et l’autre… pour les plus petites.

La Borgeat : Elles pouvaient laver leur linge bien à l’abri et… on avait pensé à faire deux pans inégaux, l’un pour les grandes femmes et l’autre… pour les plus petites.

 

Les fours

Dans les hameaux et le Chef-lieu, le four est, comme la fontaine et le lavoir, un élément essentiel de la vie des habitants.

Photo four de Montarlot Saint Etienne de Cuines

Le four de Montarlot

On cultivait le blé, le seigle et l’orge pour faire le pain.

Avec le levain naturel, très tôt le matin, la mère pétrissait la pâte dans le pétrin qui servait souvent de table dans la pièce à vivre.

La pâte levait une bonne paire d’heures puis façonnée en boules, elle était déposée dans les panières en paille tressée.

Là, repos encore une heure avant le transport au four préchauffé depuis la veille.

Transportées oui, mais comment ?

Si le chemin qui conduit de la maison au four est praticable, on utilise la brouette, sinon, une grande planche calée sur l’épaule et le bras replié fera l’affaire ; et c’est le travail du père.

Les boules sont cuites, dorées, croustillantes. Elles sont retirées du four avec une pelle plate à long manche, mais devinez ce qu’attendent les enfants massés autour de la bouche incandescente ? : les « cressins » ! Quel délice ! elles seront dégustées en premier et on en rêvera jusqu’au mois suivant.

photo N&B four des Côtes Saint Etienne de Cuines

Le four des Côtes

photo N&B four du Monthion Saint Etienne de Cuines

Le four du Monthion

 

 

 

photo N&B four du Villaron Saint Etienne de Cuines

Le four du Villaron

 

Le Four du Chef-lieu

fours_1Il fut construit en 1899 par un groupe de souscripteurs, sur un terrain communal. La Municipalité a donné son accord à condition que les indigents puissent, eux aussi, à intervalles réguliers, cuire leur pain…pain de seigle, d’orge ou même de maïs, mais c’était cependant la base de la nourriture de chacun.

Aujourd’hui, le pain cuit au four banal est une gourmandise, un superflu, mais comment oublier la parole d’une « Ancienne » :  » Moi, je ne me suis nourrie qu’avec du pain ! »

 

Le hameau du Loup

Hameau abandonné qui ne laisse aucun visiteur indifférent.

Blotti au flanc du Mont Cuchet, il doit son appellation, non pas aux Loups qui auraient pu le visiter mais au petit lac (loads, en vieux français), aujourd’hui à sec, (comme est tarie la source qui alimentait le village) qui dormait au creux d’un de ses vallons.

Pour y accéder, plusieurs chemins, mais le plus beau est sans conteste, celui qui part du hameau du Villaron.

C’est un magnifique sentier à tel point qu’on ne sait où regarder ; faut-il admirer là où l’on pose nos pas, c’est-à-dire sur des pierres si bien polies et emboîtées qu’on croirait des dalles, oui, des dalles, taillées et entretenues par les hommes , au cours des siècles et des corvées qui unissaient pics, pioches et pelles , afin de conserver à ce chemin toute sa viabilité ?

Ou bien faut-il contempler le panorama et la plaine qui s’étalent à nos pieds ?

Pourquoi tant de soin pour ce chemin taillé à flanc de rochers ? parce que le Loup était un hameau peuplé mais aussi parce que, humide, le foin y était de bonne qualité et le seigle et l’avoine abondants. Alors les habitants des hameaux voisins qui possédaient un lopin de terre au Loup voulaient que leur mulet puisse y accéder facilement.

Les enfants du Loup qui allaient à l’École du Mollaret n’empruntaient pas ce chemin mais celui de la Quedent.

Ils quittaient leur maison le matin, cartable sur le dos, non, caisse sur le dos, et piniotte à la main. Elle renfermait leur maigre repas de midi, à réchauffer sur le poêle de l’école.

Si la neige tombait en abondance le père traçait le chemin de ses grosses galoches ferrées, le plus petit sur son dos et les autres mettant leurs pieds dans ses traces… et personne ne râlait parce que le chasse-neige n’était pas passé !

Autres temps autres mœurs, mais le village, aujourd’hui, est mort…

 


 

La Croix de Cuchet

Tous, croyants et non croyants ont uni leurs efforts pour que les Cuinains conservent une croix digne du Mont-Cuchet !

Que regarde le Cuinain, le matin, quand il ouvre ses volets ?

Le Cuchet, bien sûr, et sa croix, évidemment !

Si elle brille au soleil levant, c’est que la journée sera belle ; et s’il ne la voit pas ? Avec le bon sens qui lui vient de ses ancêtres paysans, il dira : « Le soleil ne brillera pas aujourd’hui, alors ce sera pour demain ! »

photo N&B croix du Cuchet Saint Etienne de CuinesCe Mont-Cuchet (coucher en patois, là où le soleil se couche) a toujours été surmonté d’une croix, enfin de mémoire de cuinain ! Personne n’a jamais imaginé le Cuchet sans sa croix.

D’abord humble croix de bois, elle vécut jusqu’en 1968, mais sous le poids des ans et des malheurs du village qu’elle avait dû contempler, elle menaçait de s’affaisser. Alors, dans un élan général, tous les Cuinains se sont unis pour la remplacer.

Croyants et non croyants ont conjugué leurs efforts, participé à la souscription et aidé à sa mise en place.

photo croix du Cuchet Saint Etienne de Cuines

Mais comment la nouvelle croix est-elle arrivée jusqu’au sommet de la montagne ? : suspendue à un filin, sous l’hélicoptèe piloté par le regretté Aimé BARREL.

photo croix du Cuchet Saint Etienne de Cuines

Il ne restait plus aux bénévoles qu’à la dresser, au Père ALLAMAND à la bénir ! Et aux Cuinains à la contempler depuis la vallée… Ouf !

photo croix du Cuchet Saint Etienne de Cuines

 


 

Les Cités Bozon-Verduraz

En 1929 Benjamin BOZON-VERDURAZ, alors Maire de la commune, achète à celle-ci, au lieu dit Les Iles, huit hectares de terrains –gagnés sur le lit du Glandon et de l’Arc- au prix de deux francs le mètre carré, pour y construire des villas ouvrières. La commune accepte cette proposition consciente que loger les ouvriers apportera un plus à l’économie locale.

photo N&B ouvriers 1932

En 1932, les peintres de l’Entreprise COIGNÉE Fernand posent devant les maisons neuves.

Les deux premières maisons, constituées chacune de deux appartements, sont destinées aux contremaîtres de l’usine Bozon-Verduraz, les autres bâtiments (16 au total) comportent des logements de trois ou quatre pièces, avec une cave, un wc indépendant, l’eau courante et l’électricité… mais ils abriteront le plus souvent des familles très nombreuses, jusqu’à quatorze enfants !!

Ces cités d’avant-garde, n’oublions pas que nous sommes en 1932, accèdent à la route de la gare par des allées bordées de platanes, disposent d’un très grand terrain de jeux et d’une pouponnière !.

Si les premiers occupants furent des employés de l’usine de pâtes, le déclin de celle-ci amena d’autres ouvriers à les occuper : ceux du « Carbure », de la « SIDA » et de « Péchiney » Saint-Jean-de-Maurienne… Toujours des familles nombreuses dont les enfants fréquentaient l’école du chef-lieu.

Les transports scolaires ne furent crées qu’en 1956 et jusqu’à cette date les enfants, en groupes compacts, montaient et redescendaient l’avenue de la gare, quatre fois par jour. Des cris, des rires, des querelles avec des « Je ne lui parlerai plus jamais », des clans qui se faisaient et se défaisaient au gré des humeurs des petits chefs et puis évidemment quelques sottises, le long du chemin, sottises qu’on imputait toujours aux « Gosses des Cités ».

photo Les gosses des cités 2010

« Les Gosses des cités » dont la dernière génération a organisé un grand rassemblement en septembre 2010 ! que de souvenirs ils avaient à évoquer !

 


 

Ce torrent… appelé Glandon

Rien ni personne n’a fait parler de lui aussi longtemps ni aussi souvent, au cours de ces 150 dernières années. Quand vous le voyez aujourd’hui, mince filet d’eau, au fond de son lit envahi par les arbres, vous avez beaucoup de difficultés à imaginer le torrent impétueux qui, au cours des siècles (et il n’y a pas si longtemps encore) semait peur et désolation.

Il faut dire que, jusqu’en 1850, personne ne lui contestait sa suprématie. Il divaguait dans la plaine au gré de sa fantaisie, multipliant les lits occasionnels, tandis que les habitants étaient relégués sur les pentes du Mont Cuchet et, tout au plus, à ses pieds : la Borgeat, L’Église, Sous la Roche.

photo N&B plaine Saint Etienne de Cuines

Lorsque les Cuinains, las de casser leur dos sur leurs lopins de terre montagneux décidèrent d’investir la plaine, il fallut d’abord juguler le Glandon, lui construire un lit et l’endiguer.

Las ! Toutes les raisons lui étaient bonnes pour en sortir : les pluies incessantes de juillet, celles d’automne, celles de printemps conjuguées avec la fonte des neiges et voilà les digues emportées, les cultures dévastées, et le village qui commence à se construire dans la plaine, inondé.photo N&B crue du Glandon Saint Etienne de Cuines

Chaque fois le conseil municipal vote des crédits, supplie le Conseil général et l’Etat de lui venir en aide pour réparer les dégâts… tandis que les propriétaires se remettent au travail pour reconquérir les terres. Oui, c’est un combat de haute lutte qu’il faut mener car le Glandon ne dépose pas un limon fertile là où il passe, ce n’est pas le Nil ! Après son départ on trouve des cailloux et une terre schisteuse, grise et laide, difficile à remettre en état avant d’accepter d’être productive.

Quelques dates, celles des crues les plus terribles : 1859, 1875, 1885, 1910, 1940..et plus près encore : 1981 date de la dernière grande peur !oui la peur ! si vous n’avez pas entendu le Glandon en furie rouler ses énormes cailloux dans un grondement aussi sourd que violent, vous ne pouvez pas comprendre !

article journal crue du Glandon 1981

Aujourd’hui Saint-Etienne et Sainte- Marie- de- Cuines ont conjugué leurs efforts, pour entretenir digues et lit du torrent. La liaison Isère-Arc permet d’en réguler le débit. Alors on peut espérer que la peur atavique que faisait naître ce redoutable animal sera oubliée !

Mais… qui sait ?

 


 

Travail de Mme Mireille Morin Collomb sur la commune de St Etienne de Cuines.
Mireille Morin-Collomb est profondément attachée à ce village qui l’a vu naître et qui était celui de ses ancêtres ( elle est la fille de Moïse et Emilie Collomb). Elle souhaite faire revivre à travers textes et photos la vie de nos parents, notre jeunesse… souvenirs que nous léguerons à nos enfants.
  • 500 ans d’histoire du Châtelet * L’école de filles de St Etienne de Cuines
  • L’école du Mollaret et les élèves qui l’ont fréquentée
  • Ils sont nés à St Etienne de Cuines entre 1910 et 1960
  • Elles sont nées entre 1903 et 1960 et ont fréquenté l’école du Chef-lieu, accompagnées de leurs « maîtresses » et de leurs « maîtres »
  • St Etienne de Cuines 1914-1918 : Ils sont morts pour la France
  • Chemins de Mémoire : Saint Étienne de Cuines 1900-2000
  • La Ronde des Ecoles, canton de La Chambre à partir de 1860
Tous ces travaux sont disponibles à la bibliothèque municipale